lundi 31 août 2015

J'ai fait mon parfum

Je suis un fervent adepte du Do it yourself. Dès que je peux mettre la main à la pâte, au panier ou dans le cambouis, je n'hésite pas une seconde. Mais il y a toute de même des domaines auquel je n'aurais jamais penser m'intéresser : par exemple, concevoir son propre parfum lors d'un atelier spécialisé. Et je serais passé à côté de quelque chose, car l'expérience a été vraiment passionnante ! J'ai pratiqué cette activité singulière à Paris, et je dois dire qu'elle s'est avérée riche d'enseignements. Réaliser son parfum s'est révélé un peu plus difficile que ce à quoi je m'attendais. Je l'ai compris dès mon arrivée, je me suis retrouvé devant un « orgue à parfums » : il s'agit d'une sorte de bureau à plusieurs étages, sur lesquelles se trouvent plus de 120 bouteilles qui gardent chacune une fragrance. Et j'ai dû les sentir une à une pour fabriquer mon propre parfum ! C'est qu'un parfum combine 100 produits différents, et dispose de 3 « notes ». Chaque note requiert une grande attention dans sa composition (oui, le lien avec la musique est très présent) : chacune d'elles ne doit en effet pas entraver les autres. La note de tête, c’est d'une certaine manière la proue du parfum, celle qui attire l’attention lorsqu'on entrouvre un flacon de parfum. Légère et volatile, elle disparaît assez vite (2 heures après l’application). La note de cœur, en second lieu, reste entre 2 et 10 heures. C'est d'une certaine manière elle qui donne le « la » du parfum : est-ce qu'il est plutôt fruité, épicé, fleuri ? Enfin, elle prépare également la venue de la note de fond. Cette dernière est celle qui reste après qu'on soit passé, celle qui laisse des traces sur un vêtement… C'est elle qui, en somme, fixe le parfum. Elle peut d'ailleurs rester jusqu’à plusieurs jours après l'application. Pour élaborer un parfum, on conçoit en premier lieu la note de fond, puis la note de cœur et pour finir la note de tête. Et chaque senteur ajoutée doit être immédiatement consignée au propre pour garder la recette. Une expérience plutôt difficile et délicate, mais que je conseille vivement. On prête beaucoup plus attention aux fragrances, suite à ça, les bonnes comme les mauvaises, et on se met à imaginer des parfums étranges et improbables. J'ai vraiment été conquis par cette activité originale, et hésite même à recommencer ! Suivez le lien pour le contact du prestataire de création de parfum.


Russophobie du journalisme

Guy Mettan, journaliste et homme politique suisse, évoque la crise du journalisme occidental, et les risques qu’elle fait courir à la liberté d’expression. Selon lui, les Occidentaux "ont tendance à voir la paille qui est dans l'œil des Russes plutôt que de voir la poutre qui est dans le leur". Les médias occidentaux souffrent d'une crise structurelle depuis quinze ans. Leurs revenus publicitaires et des abonnements ne cessent de baisser alors que la concurrence des médias sociaux ne cesse de gagner en importance. Moins de journalistes, moins de pages, moins d'émissions, moins de temps d'enquête ont gravement réduit la diversité des tires mais aussi des opinions et des approches au sein des titres. Par ailleurs, la prolifération des communicants dans les entreprises et les administrations a explosé et conduit à un formatage de l'info, une "pré-digestion" bref un contrôle effectif de la production médiatique qui est accentué par l'affaiblissement des grands groupes publics et la montée en puissance des médias privés. C'est tout cela qui produit la pensée unique, ou le "journalisme embarqué" comme je l'appelle. Souvenez-vous des correspondants occidentaux obligés de suivre l'armée américaine pour informer sur la première guerre du Golfe. Ce journalisme embarqué a insidieusement pénétré les consciences et les médias, comme en témoigne en particulier leur adhésion aux préjugés antirusses véhiculés par les plumes les plus en vue des grands médias dominants (qui soi-dit en passant ont presque tous été rachetés par des gros entrepreneurs milliardaires ou des marchands d'armes). Il y a heureusement des nuances et des minorités qui continuent à penser par elles-mêmes. En Europe surtout, mais aussi aux Etats-Unis. Elles existent et bouillonnent mais restent trop souvent confinées sous l'épaisse couche de glace des médias dominants. Quand j'ai écrit mon livre sur la russophobie occidentale (Russie-Occident: une guerre de mille ans, qui vient de paraître aux Editions des Syrtes), j'ai été frappé de constater qu'il n'existe pratiquement pas d'études sur ce sujet en Europe continentale mais seulement en Angleterre et aux Etats-Unis, ce qui est un paradoxe. Mais les Allemands s'y sont mis et de nombreux livres viennent de paraître pour dénoncer la manière dont leurs médias ont manqué d'objectivité à propos de l'Ukraine. L'Italie et le sud de l'Europe ont toujours été plus critiques. Mais la France reste totalement imperméable à une couverture des événements qui ne soit pas unilatéralement pro-européenne et pro-américaine. Il existe aussi de la propagande côté russe. Personne n'échappe à ce travers dans l'actuelle guerre de l'information qui ravage les médias. Mais les Occidentaux, qui se considèrent plus évolués que le reste du monde, sont sûrs de détenir seuls la vérité. Ils ont donc toujours tendance à voir la paille qui est dans l'oeil des Russes plutôt que de voir la poutre qui est dans le leur. Le poids des préjugés, la défense étriquée des intérêts à court terme, la soumission à l'idéologie libérale et le parapluie militaire américains font le reste. Je n'ai pas l'ambition de renverser à moi tout seul des tendances aussi lourdes. Mais j'essaie au moins de lancer le débat et de poser des questions.

Tintin appartiendra bientôt à tout le monde ?

La société chargée de l'exploitation commerciale de l'œuvre d'Hergé vient de perdre son premier procès, aux Pays-Bas, sur l'utilisation d'extraits d'albums de "Tintin". Une décision qui pourrait avoir de lourdes conséquences pour les héritiers. Les héritiers d'Hergé ne peuvent pas réclamer de droits pour l'utilisation d'extraits d'albums de "Tintin", a décidé la justice néerlandaise, grâce à un document signé en 1942 par le dessinateur du célèbre reporter. "Il est apparu d'un document de 1942 (...) que Moulinsart n'est pas à même de décider qui peut publier des images tirées des albums, et ne dispose donc pas des droits d'auteurs pertinents dans cette affaire", ont indiqué les juges de la Cour d'appel de La Haye dans leur décision, prise fin mai et transmise lundi 8 juin à l'AFP. Moulinsart SA, la société chargée de l'exploitation commerciale de l'œuvre d'Hergé (produits dérivés, multimédia, applications...), est souvent critiquée pour défendre de manière très agressive l'héritage laissé par le dessinateur. Elle avait ainsi attaqué en justice, début 2012, une petite association néerlandaise de fans de "Tintin", la Société Hergé, fondée en 1999. Celle-ci compte 650 membres et édite trois fois par an un magazine de 32 à 40 pages intitulé "Duizend Bommen", destiné à ses membres. Les articles sur l'œuvre et la vie d'Hergé y sont illustrés de vignettes tirées des célèbres albums. Moulinsart SA demandait aux juges de condamner l'association pour avoir utilisé ces copies de cases de Bande-dessinée, sans autorisation préalable et sans payer de droits. Mais, au cours de la procédure d'appel, l'avocate de la Société Hergé a créé la surprise en produisant un document datant de 1942 dans lequel le dessinateur cède le droit exclusif de publication des albums des aventures de Tintin à l'éditeur Casterman. Obtenu grâce à un expert d'Hergé resté anonyme, le document n'est pas contesté par la Moulinsart SA et les héritiers de Georges Rémi, alias Hergé, selon les juges. S'il fait jurisprudence, ce jugement pourrait coûter cher à Moulinsart SA : "La grande question est de savoir s'ils (les autres associations de fans de Tintin, NDLR) doivent continuer à payer Moulinsart SA", a expliqué à l'AFP Stijn Verbeek, le secrétaire de la Société Hergé. "Peut-être qu'un juge belge doit rendre un jugement en ce sens avant que cela ne s'applique pour la Belgique", a-t-il ajouté, soulignant "ne pas être sûr" des conséquences. Pour Katelijn van Voorst, l'avocate de l'association, le document est "très intéressant pour tout le monde, à l'étranger comme aux Pays-Bas". Une association belge similaire, les "Amis d'Hergé", a affirmé qu'il était néanmoins "trop tôt" pour dire quelles seront les conséquences du jugement de La Haye.