lundi 9 mai 2016

Souvenir de NY


Force du Portugal

A trop écouter les médias français, on pourrait croire que Syriza, Podemos et les partis d’ultragauche sont l’avenir de l’Europe. Mais on le sait bien, les journalistes français manquent souvent de discernement. En septembre 2013, ils doutaient de la réélection de la chancelière Angela Merkel. Elle fut pourtant reconduite pour la troisième fois. En mai dernier, ils pronostiquaient la victoire des travaillistes britanniques aux législatives. Hélas pour eux, malgré l’usure du pouvoir, c’est David Cameron qui l’emporta face à un leader socialiste au programme proche de celui de François Hollande. Il faut dire que Cameron avait renoué avec la croissance, jugulé les déficits, baissé le chômage… De ces victoires qui contredisaient la bonne presse, Jean-François Copé tira un théorème : « Les dirigeants qui font ce qu’ils disent, dont la main ne tremble pas pour prendre des décisions nécessaires et mener des réformes courageuses, et qui obtiennent des résultats concrets et positifs sont réélus. Les autres sont désavoués par le suffrage universel et enregistrent des défaites électorales. » Imparable. Début octobre, c’est encore Copé qui donna de l’écho sur son blog au succès de la coalition de droite au Portugal. Merci. Nos journalistes n’avaient pas vraiment tu la victoire du premier ministre sortant Pedro Passos Coelho et de son allié libéral Paulo Portas. Mais on était très loin des heures de direct consacrées par nos chaînes d’info aux succès électoraux de Syriza et au drame du peuple grec, forcément victime des banques et de la troïka… Copé a bien connu Pedro Passos Coelho. Il dit de lui : « C’est l’anti-Tsipras et il a fait du Portugal l’anti-Grèce. » Vrai. Quand il a été élu, en juin 2011, le Portugal était moribond. Pour éviter la banqueroute, il a dû accepter un plan de sauvetage de 78 milliards d’euros, négocié avec l’Europe et le FMI. Ensuite, Passos Coelho a réformé. Pas comme Tsipras et Hollande. Il a vraiment réformé : augmentation de la durée du travail, baisse du traitement des fonctionnaires, hausse de la TVA, augmentation de l’âge de départ à la retraite, gel du salaire minimum, réduction des prestations sociales, suppression du quart des mairies, assouplissement du marché du travail, privatisations… Aujourd’hui bien sûr, tout n’est pas rose à Lisbonne. Mais la courbe du chômage s’est très nettement inversée. Le déficit public a été divisé par deux. La croissance va atteindre 1,6 % (plus que la France). Et le pays a même pu rembourser en avance ses échéances au FMI. Du jamais-vu. « Grâce à ses efforts, le Portugal a évité un scénario à la grecque », résume Copé.