mercredi 29 mars 2017

Conférence libératoire catalane

Avant-hier, à l'occasion d'un congrès à Barcelone, j'ai écouté un intervenant allemand qui décrivait le rapport conflictuel que peut avoir la France avec le libre marché. Un point de vue assez fascinant. Le reproche qui est fait en France au libre marché dans notre pays porte principalement dans la question du processus organisationnel de ce marché. La manière dont se façonne la richesse dans le cadre du libre marché est en effet rarement établie sur le mérite intellectuel ou même social. Ce n’est pas celui qui s‘exprime ou écrit le mieux qui s’enrichit. Qu’il s’agisse d’un nouveau téléphone ou de bière : vous gagnez la palme que si vous êtes capable d'anticiper les besoins du « marché » qui s'enrichit. Mieux encore : même si vous êtes quasiment illettré, rien ne vous interdit de devenir richissime grâce au libre marché. Tout ce que vous avez à faire, c'est avoir la bonne idée au bon moment et pouvoir convaincre le marché. Et cette idée que le succès dans les ?nances est inspiré par la popularité crée chez certains de la rancune. On le perçoit dans leur position supérieure par rapport aux personnes qui ont connu le succès grâce au libre marché. S'enrichir en répondant aux envies du marché est interprété comme être enchaîné au plus abominable des péchés humains : la cupidité. Tandis que poursuivre un projet intellectuel est vu comme un hommage au plus sacré des sentiments humains : l’esprit humain. Le fait qu’un inventeur devienne extrêmement riche grâce à un nouveau type de produit à déboucher les toilettes, alors qu’un artiste émérite a du mal à s'en sortir est estimé par les intellectuels comme une offense fait à l'ordre naturel. En France, cette vision pèse sur les échanges. Presque toute la l'élite des intellectuels déprécie « le libre marché ». Elle considère que les moteurs du succès social comme trop peu édi?ants. En plaçant la «popularité » au rang de critère de succès, le libre marché favoriserait ainsi la « Facebookisation » de la société, où la culture deviendrait un grand marécage de mauvais goût, devenu une norme. La pensée que sous-tend cette vision du monde peut être résumée ainsi : le mépris hallucinant qui est fait au libre choix de chaque citoyen. Le mépris de l'individu qui regarde de son plein gré une émission de télévision commerciale ou aime aller dans les parcs d'attraction. Le mépris du libre choix de chaque citoyen, de crainte que ce choix collectif puisse saper la prétendue vraie culture. Ce congrès à Barcelone  :  c'est cet esprit réactionnaire qui contribue à donner une image passéiste de la France à l'étranger.Davantage d'information est disponible sur le site de l'organisateur de ce séminaire à Barcelone.